Joueur toujours actif, bénévole puis employé, ce sont 44 ans de pratique de badminton qui sont mises au service des clubs par l'intermédiaire de Michel PICALAUSA. Entretien avec celui qui occupe une fonction transversale vitale pour la bonne gestion de notre association depuis novembre 2015.
Alors, avant tout : quand, comment et où as-tu commencé le badminton ?
J'ai commencé le badminton à l'âge de 10 ans, en 1980, dans le club de l'AVIA (club de la force aérienne). Ce club a disparu dans les années 90 quand la salle a été remplacée par des bureaux pour l'OTAN. J'ai testé plusieurs sports avant d'être invité un samedi après-midi par des membres de ma famille. J'ai compris dès ce jour-là que ce sport était fait pour moi.
Avant d'être employé à la LFBB, tu prêtais déjà main-forte à la Ligue en tant que bénévole. Quel était ton rôle ?
J'ai d'abord été responsable des classements B2 avant la mise en place du triple classement sur Tournament Software. Je suis ensuite devenu responsable des interclubs mixtes sous la houlette de Robert Burczyk, alors responsable des compétitions à la LFBB. Et avant d'être bénévole pour la LFBB, j'ai occupé plusieurs fonctions bénévoles au sein des clubs que j'ai fréquentés (secrétaire, trésorier, administrateur et entraîneur).
Tu as été engagé il y a un peu plus de 8 ans maintenant au sein de la Ligue. Ta fonction a évolué. Quelle est ta fonction actuellement et, concrètement, en quoi consiste-t-elle ? Dans quelles cellules es-tu spécifiquement impliqué ?
Aujourd'hui, je suis Expert opérationnel et Chargé de mission (on me demande souvent en quoi ça consiste :P).
La première partie de ma fonction est transversale et principalement administrative, elle touche à beaucoup de domaines tels que les ressources humaines (gestion des contrats de travail, des contrats des joueurs, des conventions bénévoles et travailleurs occasionnels, des véhicules, des dossiers d'aide à l'emploi, du règlement de travail, ...), les finances (aide à la gestion comptable, à l'établissement des budgets, à la gestion des subventions, ...), les règlements de ligue et nationaux (sportifs, ROI, statuts, disciplinaires, ...), le support aux clubs, les compétitions où j'apporte mon aide et mon expertise à mon collègue Michaël Petre, l'organisation des assemblées générales, l'aide sur les événements, le suivi des obligations légales (mise en conformité avec les "décrets sports", dopage, éthique, Code des Sociétés et Associations, publications officielles, registre UBO, etc.), ...
La seconde partie de ma fonction me permet de prendre une part active dans les projets de développement de la LFBB (conception, gestion, aide, ...). Après, le contact avec les clubs est la partie de mon travail que je préfère :)
En outre, je suis responsable de la cellule Règlements LFBB (et membre de la commission nationale pour cette matière), membre de la commission LFBB et de la commission nationale pour les classements & rankings, et enfin membre de la cellule Compétitions LFBB.
Beaucoup de membres de notre communauté pensent que nous sommes (nous, employés) bénévoles au sein de l'ASBL.
Comment l'expliques-tu ?
Je confirme :P !
Il y a deux raisons qui peuvent expliquer cela :
- La première, c'est que les clubs sont entièrement gérés par des bénévoles qui, pour certains, consacrent énormément de temps à leur·s fonction·s. C'est dès lors logique de penser que la structure qui fédère les clubs est également bénévole (elle l'est en partie puisque les administrateurs sont des bénévoles).
- Deuxièmement, cette impression est probablement soutenue par le fait que, de l'extérieur, il est impossible de se rendre compte de la charge de travail qu'il y a au sein d'une fédération. Honnêtement, je pensais que je serais à l'aise en entrant à la LFBB mais c'est tout l'inverse :P. Ceci dit, je ne vais pas m'en plaindre ! Allier passion et activité professionnelle est un luxe que j'apprécie.
La professionnalisation initiée en mai 2015 a été un véritable virage permettant de réorganiser la structure de la Ligue. Toi qui as été impliqué avant ce grand changement, en tant que bénévole, puis engagé en tant qu'employé durant cette profonde refonte, cette professionnalisation te semblait-elle vitale/inévitable/nécessaire ? Comment vois-tu les choses avant-après ? Qu'a-t-elle véritablement permis ?
Ça ne me semblait pas primordial quand j'ai été engagé mais je dois bien avouer que le passage à une structure plus professionnelle devenait inévitable.
Le bénévolat est un engagement volontaire qui a ses limites tant cet engagement peut ne pas être respecté au niveau du suivi des tâches, de la formation de la fonction, des procédures mises en place ou de la forme utilisée dans les contacts avec nos membres. De plus, cet engagement peut être rompu du jour au lendemain par le volontaire lui-même, quelle qu'en soit sa raison.
Dans une optique de service optimal et continu que nous voulons offrir à nos clubs et à nos membres, la professionnalisation devenait incontournable. Et quand on voit la difficulté qu'ont aujourd'hui certains clubs à trouver main-forte pour leur gestion ou l'organisation de leurs événements, je pense que Gilles Laguesse, président de la LFBB à l'époque et initiateur de cette professionnalisation, a bien fait d'en faire une priorité.
Ceci dit, on ne peut pas se passer de ces personnes qui œuvrent généreusement pour le bien de leur club, de la fédération et de leur sport. Sans elles, il n'y aurait pas de clubs, pas de compétitions organisées par les clubs, pas d'arbitres, ... Il n'y aurait tout simplement pas de fédération ! Peut-être qu'un jour cette professionnalisation touchera les gestionnaires de club. Ce qui me semble plus évident, c'est qu'elle passera d'abord par les moniteurs.
Quels sont les projets sur lesquels tu travailles actuellement et/ou ceux qui te tiennent (le plus) à cœur de manière générale ?
Celui qui me tient le plus à cœur est le système de classement. Je crois beaucoup au système "baromètre" qui a été présenté lors de l'assemblée générale de juin 2023. Il a été pensé en tenant compte des avantages et inconvénients des systèmes précédents et de l'actuel. Les échos recueillis ce jour-là ont d'ailleurs été très positifs.
Mais nous ne sommes pas totalement libres de nos choix, nous devons composer avec les volontés de Badminton Vlaanderen afin de garder une unité nationale importante à nos yeux, même si nos réalités sont différentes sur cette matière. Et BV ne souhaite pas changer de système. Le compromis trouvé va dans le sens d'une adaptation du système actuel. Là aussi, nous avons dû trouver un terrain d'entente et revoir nos ambitions à la baisse. Le résultat de ces négociations sera dévoilé très prochainement. Bien entendu, une évaluation de ces adaptations suivra.
Entre-temps, si tout se déroule comme prévu, le système "baromètre" devrait être testé pour être prêt ... au cas où ...
Les autres projets qui me tiennent à cœur sont tous ceux qui touchent de près ou de loin à la fidélisation des membres, des clubs et des bénévoles.
Actuellement, nous faisons le tour des provinces afin de créer un lien entre les clubs et d'évaluer ensemble l'équilibre entre l'offre et la demande en matière de compétitions. Et d'ici quelques semaines, nous allons travailler sur la stratégie globale de la LFBB pour les 5 prochaines années.
Le badminton t'anime toujours autant, je présume: quel aspect de ce sport préfères-tu ? Quelles sont ses forces selon toi qui le rendent intemporel ?
D'abord, ce sport est mixte. Je trouve que c'est un avantage considérable sur d'autres disciplines sportives plus populaires.
Ensuite, contrairement à d'autres sports-raquettes comme le tennis par exemple auquel je me suis mis récemment avec quelques amis, on peut très vite arriver à faire des échanges et prendre du plaisir.
Mais ce qui le rend intemporel, c'est que quel que soit l'âge auquel on pratique ce sport, on y trouve toujours ce dont on a besoin. Dans mes premières années, j'y trouvais le plaisir d'apprendre, de progresser et de performer en compétition. Au fil du temps, je me suis rendu compte que l'aspect social prenait de plus en plus de place et d'importance. Comme énormément d'autres joueur·euse·s, c'est grâce à ce sport que j'ai pu faire de belles rencontres, nouer des amitiés et fonder une famille.
Après 44 ans de pratique, je suis toujours actif sur les terrains et dans les tournois mais juste pour le plaisir et la convivialité ("On vient pour la pratique sportive et on reste pour les copains"). Et j'imagine que, plus tard, l'aspect sport santé deviendra très important.
Tous ses atouts font que ce sport se pratique beaucoup en famille et que cette passion se transmet de génération en génération.
Un petit mot supplémentaire sur un sujet en particulier ?
Dommage que je sois limité à un seul sujet :P
Je pourrais parler du taux d'abandon très important de l'activité badminton que l'on enregistre chaque année au sein de nos clubs. Cette année, un membre sur trois s'est désaffilié. Et un abandon sur deux concerne un·e affilié·e "1ère année". Fort heureusement, ces départs sont remplacés par de nouveaux pratiquants mais je pense qu'on peut faire mieux en matière de fidélisation.
Le faible nombre de dames en tournoi, surtout dans les classements supérieurs, est également un sujet qui me préoccupe. Le potentiel est là pourtant puisque la gent féminine représente un tiers de nos membres. Mais les femmes ont souvent une approche différente des hommes au niveau de la compétition. À nous de mettre en place des projets qui tiennent compte de cette différence.
Ceci dit, j'ai envie de terminer sur une note positive : après une progression annuelle de 28,5% la saison passée - bon OK, avec le Covid on revient de loin ! - le nombre de participant·e·s en tournoi est actuellement en augmentation de 16% depuis le début de cette saison. Certaines provinces sont mieux loties que d'autres et ce sont surtout les classements inférieurs qui poussent les chiffres à la hausse mais c'est de bon augure pour l'avenir. Cela prouve qu'il y a un vent de renouveau et que les clubs organisateurs ont su s'adapter aux attentes changeantes de nos membres.
N'hésitez pas à attirer encore davantage d'autres membres vers les compétitions individuelles ou par équipe. Aller vers eux, leur expliquer comment ça fonctionne et les rassurer est souvent plus porteur qu'un email ou qu'une annonce sur les réseaux sociaux. Profitez, si nécessaire, du challenge "Je joue pour mon club" pour insuffler une dynamique de groupe ! J'en ai fait récemment l'expérience au sein de mon club, avec un certain succès puisque 38 membres se sont retrouvés au même tournoi. Pour certains, il s'agissait d'une toute première expérience. Pour d'autres, c'était un retour à la compétition individuelle après des années d'absence. Bon, les résultats n'ont pas suivi mais qu'importe, l'ambiance était au rendez-vous !
Sportez-vous bien !